L’œil est un des principaux capteurs du système postural.
Les troubles de la réfraction tels que la myopie, l’hypermétropie ou l’astigmatisme, concernent l’extéroception de l’œil et sont sous la dépendance des bâtonnets de la vision périphérique.
Les troubles de convergence et les hétérophories intéressent quant à eux la proprioception musculaire extra-oculaire, c’est-à-dire les muscles oculomoteurs et les voies oculo-céphalogyres. Ils sont responsables par un système de boucles d’adaptation de nombreuses symptomatologies dont des cervicalgies chroniques.
Qu’est-ce qu’un défaut de convergence ?
Un défaut de convergence résulte d’un déséquilibre de la musculature extrinsèque de l’œil. Pour le docteur Jean-Bernard Baron, ophtalmologiste de la deuxième moitié du 20ème siècle, « il s’agit d’une paralysie nucléaire partielle de l’un des nerfs moteurs de l’œil, le III (nerf oculomoteur) habituellement (…) ceci entraîne une parésie unilatérale des muscles, apparaît alors une hypo-convergence paralytique. » (BARON, J.-B., 1976)
Quelles en sont les causes ?
Les étiologies sont diverses et variées. Le docteur Bernard Bricot, chirurgien orthopédiste et posturologue, les classe en 2 catégories : les causes apparemment primitives et celles manifestement secondaires.
Les premières intéressent principalement les traumatismes crâniens, les entorses cervicales ou torticolis, les phénomènes d’hyperpression intracrânienne comme les convulsions ou les syndromes méningés, les épilepsies, les souffrances fœtales ainsi que des troubles congénitaux ou héréditaires.
Les secondes sont le fait d’un trouble occlusal, d’un foyer dentaire ou de la prise de dérivés tricycliques (antidépresseurs). (BRICOT, B., 2009)
Nous ajouterons, en tant qu’ostéopathes, les asymétries cranio-faciales et les déséquilibres de la mécanique crânienne.
La plupart de ces étiologies ont en commun leur effet sur les commissures inter-hémisphériques et notamment le corps calleux. Un défaut de connexion entre les 2 hémisphères cérébraux provoquerait donc une asymétrie tonique résultant d’une inégalité dans la stimulation neuronale.
73% des nouveaux nés présentent un défaut de l’axe oculaire à la naissance. C’est la marche à 4 pattes qui permet, entre autres, les échanges entre les commissures inter-hémisphériques et ainsi de réguler le tonus entre les 2 parties du corps.
Comment peut-on le mettre en évidence ?
Un seul test simple d’exécution permet de détecter les asymétries musculaires : le test de convergence. La pointe d’un stylo est approchée lentement des yeux en direction de la racine du nez jusqu’à environ 5 centimètres. Un patient asymptomatique présentera une convergence harmonieuse, symétrique et simultanée des 2 yeux sur tout le trajet. Si un des deux yeux ne suit pas ce schéma, il sera considéré comme pathologique et sera le reflet d’un déséquilibre de sa musculature extrinsèque.
Quelles sont ses conséquences sur le rachis cervical ?
Plusieurs boucles réflexes et liens biomécaniques expliquent la relation étroite entre les muscles oculomoteurs et le rachis cervical, notamment les voies de l’oculo-cephalogyrie et la proximité anatomique au niveau du tronc cérébral des noyaux oculomoteurs (III, IV et VI) et du noyau du nerf spinal accessoire (XI) innervant les muscles trapèzes et SCOM, reliés entre eux par la bandelette longitudinale postérieure.
Ces réflexes sont exacerbés lorsqu’une fatigue oculaire s’installe, notamment chez les personnes qui travaillent de manière prolongée devant un écran. C’est pourquoi les douleurs cervicales apparaîtront en fin de journée, souvent accompagnées par des céphalées rétro-orbitaires ou occipitales (aires de la vision).
Comment le traiter d’une manière simple ?
Après avoir référé le patient à un orthoptiste afin de réaliser des examens complémentaires, et de poser le diagnostic d’hypoconvergence paralytique, nous pouvons proposer un exercice qu’il peut reproduire chez lui quotidiennement à l’aide d’une plaquette sur laquelle est dessinée une ligne noire longitudinale ponctuée à intervalles réguliers de points successivement bleus et rouges. Placée sur la partie supérieure de la crête nasale, le patient aura pour but de converger d’abord sur le point le plus éloigné et de suivre la ligne afin de forcer la convergence vers le point le plus proximal. À force de persévérance, il arrivera à voir ce point nettement. (BRICOT, B., 2009)
L’ostéopathe aura comme principale préoccupation de s’assurer que tous les éléments entrant en jeu dans la boucle réflexe soient en équilibre les uns par rapport aux autres afin d’éviter toute nouvelle perturbation du système.
Un changement dans les habitudes au travail sera également nécessaire, notamment en effectuant des pauses à intervalle régulier hors écran.
Anthony Lopez, ostéopathe DO
Bibliographie
BARON, JEAN-BERNARD, 1976, Réflexe optomoteur et activité posturale orthostatique, Pract. Otolog.
BRICOT, BERNARD, 2009, La reprogrammation posturale globale, Sauramps médical