Eurosteo dans l’article de la Provence du jeudi 11/03/21
Aix : les boîtes de nuit au chevet de la détresse étudiante
200 paniers alimentaires ont été distribués, des consultations assurées
Par Carole Barletta
Le Mistral s’est transformé en lieu d’accueil et d’écoute pour les étudiants, venus chercher des paniers alimentaires fournis.
Et à l’occasion, se faire une bonne coupe.
Photo Franck Pennant
Dans un coin de la boîte de nuit Le Mistral, Morgane coiffe à la demande : une étudiante japonaise dont la longue chevelure a été égalisée « maison » à l’arrache ; un jeune qui s’est essayé seul à la coupe. « C’est sûr, je fais beaucoup de rattrapage », sourit la jeune coiffeuse de La Valentine (Marseille).
Dans un autre espace, les étudiants ostéopathes sont à l’oeuvre.
Cheveux en friche et ligaments sont loin d’être les seules souffrances des étudiants. Ils étaient une centaine d’inscrits hier pour une nouvelle opération organisée par Christophe Longo de la discothèque La Joïa – qui fête la mort dans l’âme sa première année de fermeture à cause du confinement, président du collectif Paca-Corse des gérants de discothèques, avec Jean-Simon Faby, directeur du Mistral. Mi-février, ils avaient distribué 200 paniers alimentaires. Ce mercredi en début d’après-midi, la queue s’allongeait déjà sur le coup des 14 heures. « Les étudiants, on travaille avec eux toute l’année, commente Christophe Longo, aussi bien pour leurs sorties que parce qu’ils sont employés chez nous. Même fermés, on s’est vite rendu compte de leur détresse, aussi bien financière que morale. Beaucoup sont éloignés de leurs familles. D’autres en perdant leurs petits boulots sont tombés dans la précarité ».
Les paniers alimentaires ont été financés par le collectif, l’association Aix Solidaires, la fédération des sauveteurs en mer, et de nombreux dons. Des traiteurs ont offert des plats préparés, un boulanger du pain et des viennoiseries, un maraîcher des primeurs, L’Occitane des produits d’hygiène. Laure débouche un flacon qui-sent-bon et glisse, gênée : « Cela fait très très longtemps qu’on ne s’était pas occupé de moi comme cela. On m’a peigné les cheveux, on a massé mes douleurs aux cervicales, on m’a écoutée, conseillée ». Rires et yeux mouillés se mêlent, Christophe Joïa en a encore pour son compte d’émotions. « Les jeunes préfèrent venir ici, ils se sentent un peu chez eux : aller dans les associations caritatives, c’est pas leur truc ». Chez les psychologues non plus. Alors hier, ce sont ces derniers qui sont venus à eux.