L’équipe d’Eurostéo a le plaisir d’annoncer l’intervention exceptionnelle de Pierre-Luc L’hermite, ostéopathe, enseignant-chercheur et auteur, le samedi 16 novembre à 19h au Château de la Saurine à Meyrueil.
Cet événement est une occasion unique pour les ostéopathes, les professionnels de santé et les étudiants d’Eurostéo d’assister à une présentation captivante autour de son dernier ouvrage Mythologies ostéopathiques. Cette conférence permettra d’explorer les mythes entourant l’ostéopathie, tout en offrant une réflexion approfondie sur l’évolution et les défis contemporains de cette discipline.
Pierre-Luc L’hermite partagera avec vous son parcours riche et varié, ainsi que son expertise unique, en lien avec la philosophie des sciences et le droit médical. L’interview ci-dessous vous donnera un aperçu de l’auteur et de sa pensée, et nous espérons que cet échange suscitera l’envie de participer à cet événement prometteur.
- Pouvez-vous nous raconter votre parcours en ostéopathie ?
- Comment avez-vous découvert cette discipline et qu’est-ce qui vous a poussé à devenir ostéopathe ?
J’ai découvert l’ostéopathie en tant que patient dans mon enfance, ainsi que dans mon passé de sportif. Je me disais, un peu naïvement, que ces études seraient courtes et peu éprouvantes.
- Quelles ont été les étapes marquantes de votre carrière jusqu’à présent ?
Je suis actuellement enseignant et chercheur depuis 2021. Mes thématiques concernent la médecine, le droit et la philosophie des sciences. Je suis également ostéopathe.
Mon parcours a factuellement consisté en des études d’ostéopathie (2006-2011) date à laquelle j’ai ouvert mon cabinet que j’ai conservé tout au long, puis un DIU de droit médical (2012-2013), un master 2 de droit public en 2013, un doctorat de droit (2014-2018) et désormais aussi une thèse de philosophie des sciences (2022-2026).
Les étapes marquantes pourraient être initiées par un constat. En mettant les pieds à l’université, j’ai pu mesurer l’écart du niveau d’exigence qui existait entre mes études d’ostéopathie et le niveau académique qui était attendu à des personnes du même âge que moi. L’intégration d’un Master 2 de droit public était une transition délicate (c’est un euphémisme). La découverte des laboratoires dans le domaine des sciences humaines et sociales était également une expérience étrange dans la mesure où j’ignorais tout de l’existence de cet univers qui ne possédait ni paillasse, ni tubes à essai, ni fumée qui en sortait. Par la suite, le fait de constater que mener à bien des travaux sérieux permettait d’être considéré sans dédain par ses interlocuteurs était une étape clef. Depuis la fin de ma thèse en 2018 et a fortiori le début de mon parcours d’enseignant et chercheur (2021), je n’ai jamais eu à faire à une personne qui me fasse me sentir de l’ostracisme du fait de ma qualité d’ostéopathe, en particulier lors des congrès pluridisciplinaires. Enfin, il est possible de mentionner j’ai aimé découvrir le fait que le droit ne soit pas une discipline ennuyeuse (contrairement à ce que je pensais) et que la philosophie des sciences est probablement la discipline de l’avenir qui contribuera à aider l’ostéopathie a entretenir un rapport serein avec son identité d’une part et avec son environnement d’une autre.
- Vous venez de publier un nouvel ouvrage. Quel en est le sujet principal ?
L’ouvrage que je présente ici est : « Mythologies ostéopathiques » qui a été publié en 2024, mais qui n’est pas mon dernier ouvrage puisqu’entre temps a été publié en octobre 2024 : « L’ostéopathie saisie par le droit » chez Les Etudes Hospitalières. De la même manière que dans toutes les disciplines, les mythes sont omniprésents et l’ostéopathie ne fait pas exception à la règle. L’idée principale est mise en évidence par la première phrase de l’introduction : « L’ostéopathie n’est pas un mythe, mais il existe des mythes en ostéopathie ». Cette entreprise propose d’appréhender plusieurs mythes et de les discuter en trois temporalités conformément à la façon dont la littérature savante les appréhende : les origines du mythe, la discussion du mythe et la fonction du mythe. Aussi, cet ouvrage ne se veut pas moralisateur, mais il propose de se saisir avec exigence de plusieurs composantes présentées comme centrales en ostéopathie.
- Quelles sont les idées clés que vous souhaitez partager avec vos lecteurs, notamment les professionnels de santé ?
Il s’agit d’un ouvrage qui adopte une méthode d’épistémologie historique. Pour le dire autrement, il s’interroge sur la genèse et le cheminement de certaines idées largement rependues dans le milieu de l’ostéopathie et se propose à la fois de les discuter et de les expliquer.
- Comment ce livre peut-il être utile dans leur pratique quotidienne ?
Il est clair que cet ouvrage collectif (nous sommes 7 auteur.ice.s) questionne des fondements de la discipline. Par conséquent, il s’agit d’accompagner les professionnels à améliorer leur compréhension et de ce fait la qualité de la prise en charge de leurs patients.
- Qu’est-ce qui vous a inspiré à écrire ce livre ?
- Est-ce lié à une expérience personnelle ou à une évolution dans le domaine de l’ostéopathie qui vous a particulièrement marqué ?
L’envie d’entreprendre des travaux de groupe était pour moi un désir ancien. Il s’agit de mon quatrième ouvrage. J’ai entrepris seule la rédaction des trois précédent (Introduction à la science ostéopathique en 2020 chez Ellipses, La médicalité en 2022 aux Presses Universitaires du Midi et La preuve médicale au XXIème siècle en 2022 chez L’Harmattan). L’idée était de fédérer des ostéopathes qui possédaient tou.te.s une expertise sur un mythe en particulier pour mettre à profit uniquement leur domaine d’expertise dans l’intérêt collectif.
- Avez-vous eu des mentors ou des influences particulières dans la rédaction de cet ouvrage ?
Je n’ai pas de figure tutélaire, bien que je sois conscient qu’en ostéopathie il soit assez fréquent de procéder par compagnonnage et par référence à ce que la sociologie appelle des « figures emblématiques ».
- Quels sont, selon vous, les défis actuels que rencontrent les professionnels de santé en lien avec l’ostéopathie ?
- Comment pensez-vous que l’ostéopathie peut apporter des solutions à ces défis ?
Les défis actuels se cristallisent autour de l’institutionnalisation de l’ostéopathie et en particulier de la formation. L’année universitaire précédente j’ai réalisé une tournée promotionnelle à la demande souvent spontanée de beaucoup d’établissements d’enseignement supérieur et d’universités. Il m’a souvent été indiqué que cet ouvrage est un outil pédagogique. Les enseignants semblaient s’accorder sur le fait qu’il constitue un résumé de l’actualisation des connaissances sur des points essentiels relatifs à l’ostéopathie, et les étudiants sur le fait qu’il constituait aussi un apport bibliographique très utile pour les partiels.
- Quels conseils donneriez-vous à un professionnel de santé qui souhaite intégrer davantage d’ostéopathie dans sa pratique ?
De se documenter pour posséder des informations fiables sur la discipline.
- Vous êtes reconnu pour votre expertise en ostéopathie. Comment voyez-vous l’évolution de cette discipline dans les années à venir ?
- Quelles tendances ou innovations vous paraissent particulièrement prometteuses pour les prochaines années ?
Il me semble que le rapport de l’IGAS (rendu public en 2023) est assez explicit sur les enjeux actuels et à venir sur la formation et l’exercice de l’ostéopathie. Je souscris à toutes ses recommandations.
- Comment les professionnels de santé peuvent-ils se préparer à ces évolutions ?
Il serait possible de proposer une réponse analogue. Un professionnel compétent est une personne qui prend les meilleures décisions qui reposent, depuis les années 1990 sur l’association des connaissances médicales avérées, de l’expérience clinique du professionnel et des préférences du patient.
- Votre livre est-il destiné uniquement aux ostéopathes, ou s’adresse-t-il à un public plus large ?
- Qu’est-ce qui différencie cet ouvrage des autres livres sur l’ostéopathie ?
Il s’agit du premier ouvrage qui s’inscrit dans une démarche de rigueur académique qui est le fruit d’une production collective et qui s’est donné pour mission de prendre pour objet l’ostéopathie.
- Quels types de lecteurs pourront en tirer le plus de bénéfices ?
Il est possible qu’il s’agisse des ostéopathes eux-mêmes, ainsi que les patients et le grand public curieux de la chose ostéopathique.
- Lors de la conférence et la dédicace de votre livre au Château de la Saurine, quel message clé aimeriez-vous faire passer aux participants ?
- Pourquoi est-il important pour eux d’assister à cet événement ?
S’ils souhaitent que nous puissions passer un moment sympathique afin d’échanger de manière transversale et détendue sur cette publication qui a déjà beaucoup fait parler d’elle en France. L’ouvrage est actuellement en cours de traduction en anglais et en négociations pour deux langues supplémentaires.
- Y aura-t-il des échanges ou démonstrations pratiques durant cette rencontre ?
Les démonstrations se feront éventuellement à l’aide d’un tableau pour réaliser des schémas explicatifs si nécessaire.
8. Un dernier mot pour nos lecteurs qui hésitent encore à lire votre ouvrage ou à assister à la présentation du 16 novembre ?
- Que pourraient-ils découvrir ou apprendre en venant à cet événement ?
Ce qui m’a souvent été retourné l’an dernier est que ces échanges « font du bien ».
En effet, il semblerait qu’un grand nombre de débats contemporains poussent les personnes à se polariser de manière caricaturale en adeptes de la tradition ou de la modernité. Ces clivages suscitent de nombreux inconforts et semblent trouver une voie de passage leur permettant de se sentir « cognitivement » moins complexés et plus détendus en regardant l’avenir à condition d’aborder ces sujets avec rigueur et accessibilité. Ce que nous essayerons de préserver !